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Quel le degré d’authenticité du hadith " Si tu rends visite à un malade, demande-lui de prier pour toi … "?

Question

J'ai lu sur votre site que vous avez jugé faible (da'if) le hadith : "Si tu rends visite à un malade, demande-lui de prier pour toi, car son invocation est comme l'invocation des anges."
Cependant, une personne a publié une vidéo dans laquelle elle a mentionné ce hadith en disant que l'imam al-Nawawi avait authentifié sa chaîne de transmission (isnad). J'ai fait des recherches à ce sujet et je n'ai trouvé que le fait qu'il recommandait de demander des invocations au malade. Ce qu'il a mentionné concernant l'authentification de ce hadith par al-Nawawi est-il correct ? Y a-t-il un désaccord sur son degré d'authenticité ? Si ce n'est pas le cas, peut-on espérer que l'invocation du malade soit exaucée comme celle des anges ? Et est-il correct de dire "elle est comme l'invocation des anges" même si nous n'attribuons pas le hadith au Prophète (paix et salut sur lui) ?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :


L'imam al-Nawawi a dit dans son livre Al-Majmu' Sharh al-Muhadhdhab : "Il est recommandé de demander une invocation au malade, en raison du hadith de 'Umar (qu'Allah soit satisfait de lui) qui a dit : Le Messager d'Allah () a dit : 'Si tu rends visite à un malade, demande-lui qu'il prie pour toi, car son invocation est comme l'invocation des anges.' Rapporté par Ibn Majah avec une chaîne de transmission authentique (isnad sahih)." Fin de citation.
Cependant, dans ses autres livres, il a précisé que la chaîne de transmission est interrompue. Il a dit dans son livre Al-Adhkar : "Il nous a été rapporté dans les Sunan d'Ibn Majah et le livre d'Ibn al-Sunni avec une chaîne de transmission authentique (sahih) ou bonne (hasan), d'après Maymun ibn Mihran, d'après 'Umar ibn al-Khattab (qu'Allah soit satisfait de lui)..." puis il a mentionné le hadith et a ajouté : "Cependant, Maymun ibn Mihran n'a pas connu 'Umar." Fin de citation.
Dans son livre Khulasat al-Ahkam, dans le chapitre sur la recommandation de passer la main sur le malade en invoquant, il a mentionné ce hadith dans la section sur les hadiths faibles du chapitre, en disant : "Rapporté par Ibn Majah, et il est interrompu (munqati'), car Maymun est né environ dix-huit ans après la mort de 'Umar." Fin de citation.
En rassemblant les propos de l'imam al-Nawawi et en les comparant, il apparaît clairement qu'il n'a pas authentifié la chaîne du hadith de manière absolue. Au contraire, il a mentionné son interruption, et l'interruption est un défaut rédhibitoire qui empêche l'authenticité du hadith, comme il est bien connu. Il a même explicitement déclaré la faiblesse du hadith en le plaçant dans la section des hadiths faibles de son Khulasat al-Ahkam, comme mentionné précédemment.
Le jugement d'al-Nawawi sur la chaîne comme étant "authentique" ou "bonne" ne concerne donc que la partie de la chaîne allant jusqu'à Maymun. Quant à la partie entre Maymun et 'Umar, il a bien montré qu'elle était interrompue par sa parole : "et Maymun ibn Mihran n'a pas connu 'Umar".
Il faut noter que lorsqu'un savant dit d'un hadith "sa chaîne de transmission est authentique", cela n'implique pas nécessairement que le hadith lui-même est authentique. En effet, la chaîne peut être authentique en apparence, mais le hadith peut être jugé faible pour une autre raison cachée.
Ibn al-Salah a dit dans son introduction aux sciences du hadith : "Leur parole : 'ce hadith a une chaîne de transmission authentique' ou 'une chaîne de transmission bonne' est inférieure à leur parole : 'ceci est un hadith authentique' ou 'un hadith bon', car il se peut qu'on dise 'ce hadith a une chaîne de transmission authentique' sans qu'il ne soit authentique, en raison du fait qu'il est anormal (shadh) ou défectueux (mu'allal)." Fin de citation.
De plus, l'érudit Ibn Hajar a mentionné un défaut encore plus grave que l'interruption pour ce hadith. Il a dit dans Nata'ij al-Afkar fi Takhrij Ahadith al-Adhkar, en commentant les paroles d'al-Nawawi : "Je dis : il ne peut donc pas être authentique. S'il était renforcé par d'autres récits, il pourrait être considéré comme bon, mais nous n'avons pas trouvé de récit témoin valable. Il a été rapporté par Anas, Abu Umama et Jabir, mais la chaîne de chacun d'eux contient un narrateur accusé de mensonge. Puis j'ai trouvé dans la chaîne de Maymun un défaut subtil qui empêche de le juger authentique ou même bon. Ibn Majah l'a rapporté de Ja'far ibn Musafir - un cheikh de niveau moyen... - qui l'a rapporté de Kathir ibn Hisham - qui est digne de confiance... - de Ja'far ibn Burqan... qui est aussi un rapporteur de Mouslim, mais son cas est controversé, et l'avis le plus juste est qu'il est faible spécifiquement dans ses narrations d'al-Zuhri, alors que celle-ci n'est pas d'al-Zuhri mais de Maymun ibn Mihran. Cependant, Ibn al-Sunni l'a rapporté par la voie de al-Hasan ibn 'Arafa - qui est plus fort que Ja'far ibn Musafir - de Kathir ibn Hisham, mais il a inséré entre Kathir et Ja'far ibn Burqan un certain 'Isa ibn Ibrahim al-Hashimi, qui est très faible et a été accusé de forger des hadiths. Ceci est un défaut rédhibitoire qui empêche de le juger authentique, même s'il avait été continu, et de même pour le juger bon." Fin de citation.
Nous n'avons trouvé aucun savant reconnu du hadith qui ait explicitement authentifié ce hadith.
Quant à l'exaucement de l'invocation du malade, il existe d'autres hadiths authentiques qui peuvent être utilisés comme preuve à ce sujet. Parmi eux, ce que Mouslim a rapporté dans son Sahih, d'après Abu Hurayra (qu'Allah soit satisfait de lui), le Messager d'Allah () a dit : "Allah, le Puissant et Majestueux, dira au Jour de la Résurrection : 'Ô fils d'Adam, J'étais malade et tu ne M'as pas rendu visite.' L'homme dira : 'Ô Seigneur, comment aurais-je pu Te rendre visite alors que Tu es le Seigneur des mondes ?' Il dira : 'Ne savais-tu pas que Mon serviteur untel était malade et tu ne lui as pas rendu visite ? Ne savais-tu pas que si tu lui avais rendu visite, tu M'aurais trouvé auprès de lui ? Ô fils d'Adam, Je t'ai demandé à manger et tu ne M'as pas nourri ! L’homme dira : Ô Seigneur ! Comment aurais-je pu Te nourrir alors que Tu es le Seigneur des mondes ? - Il dira : 'Ne savais-tu pas que Mon serviteur untel t’a demandé à manger et tu ne lui as pas donné à manger ? 'Ne savais-tu pas que si tu l’avais nourri, tu aurais trouvé cela auprès de Moi ?' ..."
Ibn al-Qayyim a dit dans Madarij al-Salikin : "Concernant la visite au malade, Il a dit : 'tu M'aurais trouvé auprès de lui', alors que pour la nourriture et la boisson, Il a dit : 'tu aurais trouvé cela auprès de Moi'. Il a fait une distinction entre les deux, car le malade a le cœur brisé, qui qu'il soit, la maladie le brise inévitablement. Si c'est un croyant dont le cœur est brisé par la maladie, Allah est auprès de lui. Et ceci - Allah est le plus Savant - est le secret de l'exaucement de l'invocation de trois personnes : l'opprimé, le voyageur et le jeûneur, en raison du brisement de cœur que chacun d'eux ressent."
Le sens de la comparaison de l'invocation du malade à celle des anges dans le hadith en question est que l'invocation du malade est exaucée, tout comme l'invocation des anges est exaucée et non rejetée, et que c'est l'invocation d'une personne sans péché, car la maladie efface les péchés.
Il est dit dans Fayd al-Qadir d'al-Munawi : " (car son invocation est comme l'invocation des anges) en ce qu'elle est privilégiée et entendue, et en ce qu'elle est l'invocation de quelqu'un qui n'a pas de péché, car la maladie efface les péchés, et les anges n'ont pas de péchés car ils sont infaillibles..."
Cela étant dit, la majorité des savants estiment que l'on peut se baser sur un hadith faible pour les mérites des œuvres (fada'il al-a'mal), tant que cela ne touche pas aux règles du licite et de l'illicite.
Quant à votre question : " (Et est-il correct de dire qu'elle est comme l'invocation des anges, même si nous n'attribuons pas le hadith au Prophète ?)", il s'agit d'une question religieuse relevant de l'Inconnaissable (ghayb), qui ne peut être affirmée sans un texte scripturaire. Si le hadith n'est pas authentique, il n'est pas correct de faire cette affirmation.


Et Allah sait mieux.

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