Demander à sa mère de faire un faux serment et d’invoquer pour qu’Allah l’éprouve à travers ses enfants afin d’éviter des problèmes

1-10-2025 | IslamWeb

Question:

Un problème est survenu entre nous et nos voisins, et ma sœur n’était pas présente à ce moment-là. Lorsqu’elle est revenue, nous ne lui avons rien dit et avons gardé le secret pour que le problème ne s’envenime pas. Après quelques jours, ma sœur a senti que quelque chose n’allait pas et a demandé à ma mère : « Y a-t-il eu un problème ? » Ma mère lui a répondu : « Non ». Mais ma sœur ne l’a pas crue et lui a dit : « Jure sur le Coran ». Je lui ai alors dit [à ma mère] : « Jure dessus et dis : ‘Qu’Allah m’éprouve à travers mes enfants’ », afin d’éviter que les conséquences ne soient désastreuses pour ma sœur avec les voisins. Elle a juré et en a été très peinée. Mon agissement est-il correct ? Y a-t-il une expiation, s’il vous plaît ? Y a-t-il un reproche à faire à ma mère, sachant qu’elle a fait cela pour éviter de graves problèmes ?

Réponse:

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

 

Jurer sur le Coran a le même statut que le serment par Allah le Très-Haut. Pour plus de détails à ce sujet, veuillez consulter la fatwa numéro : 135119

Jurer faussement par Allah fait partie des péchés majeurs. Dans le Sahih d’Al-Bukhari, d’après Abdullah ibn Amr, le Prophète () a dit : « Les péchés majeurs sont : l’association à Allah (shirk), le mauvais comportement envers les parents, le meurtre d’une âme et le faux serment (al-yamin al-ghamus) » [littéralement le serment "enfonceur".  Il a été appelé ainsi parce qu’il enfonce son auteur dans le péché puis dans l’Enfer, qu’Allah nous en préserve.]

Si tu as conseillé à ta mère de faire un faux serment sans qu’il y ait une nécessité impérieuse, ton acte est contraire à la législation islamique. Vous devez, toi et ta mère, vous repentir à Allah le Très-Haut. Selon la majorité des savants, il n’y a pas d’expiation (kaffarah) pour ce type de serment. Pour plus de détails à ce sujet, veuillez consulter les fatwas numéros : 82288 et 496345

En revanche, s’il y avait une contrainte justifiant ce faux serment, en raison d’un préjudice majeur qui ne pouvait être évité autrement, nous espérons alors qu’il n’y a aucun blâme ni sur toi ni sur ta mère, si Allah le veut. Cependant, tu as commis une erreur en lui suggérant d’invoquer pour qu’Allah l’éprouve à travers ses enfants. Dans le Sahih de Mouslim, d’après Jabir (qu’Allah soit satisfait de lui), le Prophète () a dit : « … N’invoquez pas contre vous-mêmes, n’invoquez pas contre vos enfants et n’invoquez pas contre vos biens, de peur que cela ne coïncide avec une heure où Allah exauce les demandes, et qu’Il ne vous réponde. »

Il est mentionné dans Tahbir al-Mukhtasar 'ala Mukhtasar Khalil : « …ou ‘que la colère d’Allah soit sur lui’, ou s’il invoque contre lui-même s’il fait telle chose, il n’y a d’expiation pour rien de tout cela ; qu’il demande pardon à Allah le Très-Haut. »

Certains savants ont mentionné que ces expressions relèvent du serment inconsidéré (laghw al-yamin) et que, par la grâce d’Allah le Très-Haut, Il n’exauce pas de telles invocations.

Il est dit dans le Tafsir d’Al-Baghawi – qu’Allah lui fasse miséricorde – au sujet du serment inconsidéré : « Zayd ibn Aslam a dit : C’est l’invocation qu’une personne fait contre elle-même, comme le fait de dire : ‘Qu’Allah me rende aveugle si je ne fais pas telle chose’, ou ‘Qu’Allah me prive de mes biens si je ne viens pas te voir’. Tout cela est un serment inconsidéré pour lequel Allah ne tient pas rigueur. S’Il en tenait rigueur, Il hâterait leur châtiment. »

Nous attirons l’attention sur le fait que, lorsqu’il est nécessaire de mentir pour un intérêt légitime, il convient d’éviter le mensonge explicite et d’utiliser des formulations évasives (ma’aridh) et des sous-entendus (tawriyah).

Il est rapporté dans Al-Adab al-Mufrad d’Al-Boukhari : « Omar a dit : ‘N’y a-t-il pas dans les formulations évasives ce qui dispense le musulman de mentir ?’ »

Al-Nawawi – qu’Allah lui fasse miséricorde – a dit dans son livre Al-Adhkar : « La précaution dans tout cela est d’utiliser le sous-entendu (tawriyah). La signification du sous-entendu est de viser par son expression une intention correcte qui n’est pas un mensonge pour soi, même si elle est mensongère dans le sens apparent des mots. »

Et Allah sait mieux.

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